benjamin duvshani

Tsimtsoum-réponse, par Benjamin Duvshani

La Liberté est omniprésente dans les fêtes juives*:

  1. Pesa'h, la fête de notre liberté, Zeman 'Herouthénou, pour commencer.
  2. Chabhou"oth, ou la Loi «gravée» sur les Tables se transforme, par identité des lettres, en Loi-liberté sur les Tables, 'Harouth-'Herouth.
  3. Roch Hacchanah et Kippour où la Liberté est Dror, Liberté absolue par la prescription de l'année jubilaire et la libération obligatoire des esclaves au moment même où le grand prêtre pénètre dans le Saint des Saints.
  4. Soukkoth, fête messianique par excellence, donc, porteuse de liberté totale.
  5. Même les fêtes rabbiniques, 'Hanoukkah et Pourim, par l'idée de Pourqan- libération, participent au bouquet.

Le Tsimtsoum est une idée suggérée par le Talmud («Le monde n'est pas le lieu de Dieu mais Dieu est le Lieu du monde) et développée surtout par l'école de Saphed et le 'Ari au XVI? siècle et qui présente le processus de création comme une autocontraction de Dieu, une auto-limitation permettant au monde et à l'homme d'exister et garantissant la liberté de l'homme. Cette idée implique aussi que ce monde est vide de Dieu, sa présence n'étant assurée que par les étincelles résiduelles du retrait et par la Parole donnée à l'homme. Le mot même est formé par la répétition de la racine TS-W-M qui renvoie au jeûne et à Kippour.
La réponse est ici pensée dans le sens littéral du mot Techoubhah, souvent traduit par «retour» ou «repentir», et en rapport avec la racine "-N-H. Nous trouvons cette racine dans la fête de Pesa'h avec le «Le'hem 'oni»- le pain devant lequel on «répond», devant lequel on raconte la liberté. Nous le trouvons à Chabhou"oth dans la «réponse» faite par le peuple: «Tout ce que Dieu a dit, nous le ferons». Encore à Kippour dans sa forme forte, Le "aNNoTh, qui signifie "mortifier par le jeûne» pour provoquer la techoubhah, la réponse. Nous la trouvons toujours dans "aNaWWaH, l'humilité, que nous rencontrerons plus loin.

*Nous respectons ici la transcription que l'auteur fait des termes hébraïques, transcription fidèle, à ses yeux, à l'authenticité de la langue.

Entre l'homme et Dieu
La plupart des philosophes et des théologiens sont d'accord sur le fait que Dieu est obligé d'exister mais qu'il créé le monde par son vouloir-libre. Le Judaïsme, en tout cas, le pense. Ce qui fait que la Qabbalah perçoit le Dieu révélé dans deux systèmes, Igoulim weYocher, c'est-à-dire, des cercles concentriques pour désigner l'obligation d'exister et des lignes droites, à droite, à gauche et au centre, pour désigner la liberté de Dieu. Cette dualité se retrouve dans l'homme avec son obligation d'exister qui implique tous les déterminismes naturels, biologiques et psychologiques auxquels il est soumis et avec sa liberté. Cette liberté, comme l'enseigne la Torah, peut s'exercer dans le sens du toujours plus, de la maitrise du monde telle qu'elle apparait dans le récit de la Genèse, et qui amène à la vision du monde de Schopenhauer, pessimiste devant l'impossibilité absolue d'atteindre une satisfaction quelconque en face des désirs incessamment renouvelés et jamais comblés. Elle peut aussi s'exercer dans le sens d'une réponse à Dieu, sous forme de Tsimt-soum-réponse, c'est-à-dire, dans l'imitation de Dieu, se retirer en soi, s'auto contracter pour créer un espace que j'appellerai espace de Sainteté et où Dieu pourrait se trouver présent dans le monde. De même que Dieu s'autolimite pour que l'homme existe, l'homme s'autolimite pour que Dieu existe là où il n'est pas censé être, dans le monde créé. Cette autolimitation prend sa source là même où est née la liberté, dans le vouloir-libre de Dieu et dans Sa Parole donnée à l'homme au mont Sinaï.

Entre l'homme et son prochain
Le Midrash fait dire à Dieu que si les hommes sont capables de trouver la paix et la justice sans Lui, Il ne leur tiendrait pas rigueur en cas où ils seraient idolâtres. Celle-ci étant une des transgressions pour lesquelles il vaut mieux mourir que de la commettre, il faut y voir plutôt une constatation de l'incapacité où se trouvent les hommes de réussir leur projet sans la présence de Dieu. Chaque fois qu'une relation s'établit entre un homme et son prochain, apparait le jeu de pouvoir qui fait du donneur un créancier et du receveur un débiteur, autrement dit, un maitre et un esclave. Pour ce qui est de la liberte, voila une constatation désespérante. Y a-t-il une solution à ce dilemme? Oui, dit la Torah. Dans l'espace de Sainteté, évacué par l'homme pour échapper à sa condition d'insatisfait permanent, et consacré à Dieu, l'autre trouve sa place tout en restant libre. La "aNaWWaH, I'humilité qui résulte d'une vie dans la Torah, dans la Loi, est une garantie de liberté. L'humanisme, par sa dérive inévitable vers l'individualisme ne peut la garantir, à moins qu'il s'agisse de l'humanisme juif, c'est-à-dire, un humanisme d'un homme libre dans le respect de la Parole de Dieu.

Entre Israël et Dieu
Si Dieu est obligé d'exister et libre de créer, comment penser le don de la Torah? Celle-ci est une expression de la liberté de Dieu mais motivée par l'obligation d'empêcher l'échec du projet de l'homme. On pourrait dire que Dieu “profane” son Chabbath dans lequel il était depuis l'achèvement de la création, profanation justifiée et rendue aléatoire en vue de sauver la vie selon le principe de "Piqoua'h Nephech Do'hé Chabbath", (sauver une vie est supérieure à I'observance des interdits chabbattiques). Ceci justifie le droit donné au peuple d'Israël de légiférer au nom de Dieu pour sauver le choix de vie que ce peuple a fait en acceptant la Torah. Ce qui nous ramène à 'Hanoukkah et Pourim, fêtes instituées par le peuple et ses sages et où la mitswah est une mitswah de sanctification,c'est-à-dire, d'ordre divin. C’est à ce pouvoir-là qu'il faut penser aujourd'hui pour permettre au peuple d'Israël de se retrouver et de trouver sa place parmi les nations.
Entre Israël et les nations
En s'affirmant obéissant à la Loi et inventeur de la Loi, le peuple d'Israël se pose devant les nations en exigence de Tsimtsoum: “Rendez-nous la place que vous avez prétendu occuper et où vous n'avez pas réussi à avancer dans le chemin du salut. C'est à cette place évacuée par vous, que nous, peuple de Dieu, pourrons assurer sa présence au monde". Le jour où cela sera, nous serons dans la fête de Soukkoth où le peuple d'Israël entouré par toutes les nations, pourra réciter le verset de Zakharie tel qu'il est dans la liturgie de ce jour: "Et l'Eternel sera Roi sur toute la terre. En ce jour-là, l'Eternel sera Un et son Nom Un".

"Il n'y a rien de nouveau sous le soleil" Ecclésiaste 1,9
"On fait des livres en quantité à ne pas finir", Ecclésiaste 12, 12

Deux citations pour deux raisons. D'abord en hommage à André Néher disparu récemment, que j'ai connu par son livre exceptionnel "Notes sur l'Ecclésiaste". Deuxièmement, pour exprimer la certitude que commenter un autre livre, parmi des centaines et des milliers qui sont édités dans le monde, avide de consommation sans discernement rentre bien dans le cadre du midrash sur Ecclésiaste 1,9 et qui nous rassure. Ce midrash nous dit que si rien n'est nouveau sous le soleil, tout est nouveau au-dessus du soleil. Oui, n'ont vraiment de valeur que les livres qui renouvellent et ne renouvellent que les livres qui s'occupent de ce qui se passe au-dessus du soleil. "Faust et le Maharal de Prague", dernier livre d'Andre Néher, est bien de ceux là. Il s'agit de faire évoluer devant nos yeux, depuis leur apparition jusqu'à nos jours, deux mythes, celui de Faust et celui du Golem, tous les deux exprimant une insatisfaction des limites que nous impose la réalité naturelle et le désir de les dépasser. Faust et le Golem, nés en même temps, à la fin du 16ème siècle et qui ont évolué selon le schéma habituel de passage d'un personnage historique, le Dr. Faustus dans un cas, le Maharal de Prague dans l'autre, vers la légende et vers le mythe. Les deux se retrouvent sous la plume du même auteur, Goethe, dans son "Faust" et son "Apprenti sorcier" et nous arrivent après la 2ème guerre mondiale, après Auschwitz et Hiroshima, dans deux ouvrages majeurs du 20ème siècle "Dr. Faustus" de Thomas Mann et "Cybernetics" de Norbert Wiener, complété plus tard par "God and Golem".


Ce que Néher nous rend immédiatement clair est la vision que nous pouvons avoir aujourd'hui du contenu des deux mythes. D'un côté Faust, obsédé de son sort personnel, associé au diable qui est bavard, "trop plein d'Ame", rentre parfaitement dans le cadre chrétien du salut individuel et d'un Satan, contre-pouvoir réel à Dieu-tout-amour.

De l'autre côté - le Golem, créé par le Maharal au service de la communauté, associé à Dieu, muet, "trop vide d'âme" rentre parfaitement dans le cadre juif du salut collectif et d'un mal soumis à Dieu Un, qui est Vérité, cause première. La tentation de Faust est celle de l'homme moderne tel qu'il va évoluer depuis la Renaissance et jusqu'à nos jours. La tentation du Maharal est celle de l'homme postmoderne, c'est-à-dire, nous, face à notre avenir. Comme si le Maharal savait que les siècles de l'homme moderne vont déboucher sur l'échec et qu'iI faut préparer d'avance la postmodernité. Pendant le temps tunnel de l'humanisme chrétien préparer l'espoir de l'humanisme juif. Ce que dénonce avec vigueur Néher est la tentative du monde occidental d'occulter la pensée juive et ceci par le cas d'espèce qui concerne Thomas Mann dans son Dr. Faustus. L'auteur qui, ayant à résoudre le problême de I'Allemagne pactisant avec le Diable, annexe en la dénaturant et en la démonisant l'idée juive contenue dans le message du Maharal et ceci à travers l'assimilation faite entre Adrian Leverkuhn, le héros du Dr. Faustus, et l'inventeur juif de la dodécaphonie Arnold Schoenberg. Ceci se passe dans un domaine hautement germanique qu'est la musique. L'idée du Maharal sur la solution des contradictions n'est au niveau de l'un ni au niveau de l'autre mais au milieu BE'EMTSA" est reprise par Schoenberg en refusant le système tonal ou les tensions sont résolues par un retour au point de départ, la tonique, et en proposant un système où la série, faite des douze notes de la gamme équipotentes, ne nécessite aucune solution polaire. Néher dénonce cette occultation de la pensée juive qui risque de causer l'échec de la postmodernité.
La richesse du livre m'oblige à me restreindre à ces quelques thèmes et à laisser le lecteur compléter par lui même.
Pour quiconque pense le monde actuel avec lucidité et qui pense que le Judaïsme, assaini de corps et d'esprit par le retour à la terre et par un retour au Hiddouch (renouvellement) de l'étude a quelque chose à dire au monde aujourd'hui, ce livre apporte le "nouveau" indispensable pour sortir du pessimisme et du désespoir.

Si notre mère Eve n'avait pas été séduite par le serpent et n'avait pas séduit Adam, nous serions restés au Jardin d'Eden et il n'y aurait pas eu d'Histoire, ni générale ni juive.
Si notre mère Sarah n'avait pas imposé Isaac, Abraham aurait été incapable de décider entre lui et Ismaël et l'Histoire sainte se serait arrêtée.
Si notre mère Rébecca n'avait pas poussé Jacob à mentir pour recevoir la bénédiction d'Isaac, c'est Esaü qui aurait eu la charge spirituelle de l'humanité avec les conséquences que nous pouvons imaginer.
Jacob aimait Rachel et la préférait à Léah mais c'est Léah qui a enfanté Lévi et Judah, c'est-à-dire les porteurs du projet du Kohen-messie et du Roi-messie. C'est encore Léah qui a mis au monde Dinah, le 13ème enfant, celle qui symbolise le 13ème mois des années «enceintes» du Temps à venir et qui joua un rôle important dans les rapports avec les habitants du pays de Canaan.
Tamar, bru de Judah, n'a-t-elle pas sauvé la lignée qui assurait la naissance future de David, donc, du Messie?
Plus tard, pendant l'exil en Egypte, ce sont Yokheved et Myriam qui, contre l'avis des hommes, ont imposé la poursuite de la procréation d'enfants malgré la menace qui pesait sur eux. Sans cela comment Moïse serait-il né?

Une place capitale
C'est encore Tsipporah qui, en circoncisant d'urgence son fils qu'il avait oublié de circoncire, sauva Moïse de la mort qui le menaçait.
Dans le pays d'Israël, le rôle joué par Ra'hav (future épouse de Josué), par Déborah, par Ruth ou par `Hannah, mère de Samuel sont là pour prouver, s'il le fallait, la place capitale des femmes dans le déroulement de ce qu'on appelle l'Histoire Sainte.
Il a suffi de la défaillance d'une femme, la prophétesse `Houldah, pour que rien ne puisse empêcher la chute du royaume de Judah.
Esther, sous l'Empire perse, Judith et `Hannah, mère des sept enfants martyrs, sous la domination grecque et, plus tard, Salomé-Alexandra ajoutent des éléments à cette démonstration.
Et c'est encore l'inaction d'une femme, Bérénice, qui préféra ses intérêts personnels à la cause nationale qui provoqua la fin de la Judée et de la souveraineté politique du peuple juif.
Après cela, il n'y a plus de femmes dans notre Histoire. Tant que le peuple juif est actif dans l'Histoire, qu'il y joue un rôle masculin, il y a des femmes. Dès qu'il passe à la méta-Histoire, qu'il est passif, symboliquement féminin, les femmes disparaissent. Il faudra attendre la rentrée du peuple dans l'Histoire au XXe siècle pour retrouver Golda Meïr et les autres sur la scène de notre existence.

Le Chabbath de l'Histoire
La symbolique religieuse connaît une relation d'amour entre Dieu, l'époux et Knesset-Israël, l'épouse, image féminine par excellence.
Un seul moment de la liturgie change la symbolique, le vendredi après-midi, où brusquement, le peuple d'Israël devient le Dod, l'amant, le masculin, pour accueillir la fiancée, la reine-Chabbath, qui n'est autre que la présence de Dieu au monde. Et c'est encore le vendredi après-midi qu'apparaît la femme dans toute sa splendeur avec ses trois mitswoth particulières, la 'Hallah, la Niddah et l'allumage des lumières de Chabbath, ces mitswoth dont la Michnah nous dit que sans elles la femme «meurt en couches», c'est-à-dire, est incapable d'assurer l'engendrement de la suite de l'Histoire. Il y a un rapport entre la rentrée dans l'Histoire, la femme et le vendredi après-midi.
Le Talmud dans le traité Sanhedrin, page 97a, fait un enseignement sur l'analogie entre les six jours de la Création et les six millénaires de l'Histoire. Cette analogie nous permet d'associer le sixième jour, jour de la création de l'homme, au sixième millénaire, le nôtre, qui a commencé

J'aime la musique. J'aime, j'ai toujours aimé, la musique de Wagner. Je n'aime pas, mais pas du tout, l'antisémitisme et Ies antisémites. Wagner était un antisémite avant même que le mot n'existe. Il a même aidé à l'épanouissement de l'idée antisémite. Que faire?
Pendant des années, il a suffi d'une image, les drapeaux nazis dans l'allée centrale menant au Festspielhaus pour me détourner de toute velléité d'assistance au festival Wagner à Bayreuth. Et, pourtant, des amis me conseillaient d'y aller; et, pourtant, je sais l'Importance de l'apport wagnérien dans l'histoire de la musique et dans la conception de l'art lyrique.
Depuis quelques années, des chefs juifs ont pris le chemin de Bayreuth. C'était l'occasion d'aller voir de plus près, d'interroger ces chefs sur leur présence, m'interroger sur le sens de l'association d'un créateur artistique avec ses idées. J'étais surpris. D'abord, par l'ambiance du lieu. très cosmopolite, très 'bon enfant", très peu "nazi". II y a même un self-service pendant les entr'actes où des gens font la queue en smoking où en bras de chemise. Enchanté aussi, comme musicien, de la qualité inouïe (!) du son de la salle dont j'ai tant entendu parler. La réalité dépasse l'attente. Alors quoi? Avons-nous tort d'associer 'Wagner-musicien et Wagner-penseur' Je réponds: Oui. Mieux que cela. Je pense qu'à rapprocher le musicien et le penseur, on risque de faire rejaillir sur la pensée la grandeur de la musique. Wagner est un immense musicien et un piêtre penseur.

Sa vision du monde est limitée, étriquée. Le "Ring" est un magnifique spectacle mythologique mais la portée de son message sur la liberté de l'homme est infantile. "Parsifal" est une des musiques les plus belles de tous les temps mais son message spirituel sur la rédemption est du niveau d'une secte quelconque, parmi celles qui pullulent de nos jours.
Tout ceci pose un autre problême, plus général et plus grinçant. Faut-il se donner tant de peine à chercher des metteurs en scène pour "lire" ces opéras? Que ce soit Chèreau, Kupfer où les autres, que signifient ces tentatives, qui se veulent profondes et sérieuses, de donner un sens actuel, politique, social et culturel à des textes qui, sans la musique, n'intéresseraient personne? Quitte à passer pour un ringard que je ne suis pas, j'aspire à des mises en scènes naïves, littérales qui permettraient, enfin, à tout Ie monde d'aller se réjouir à Bayreuth de la beauté de la musique et des conditions d'écoute sans tomber dans Ie piège pseudo-philosophique tendu par Wagner-musicien.
Voila ce que pense un Juif après un passage à Bayreuth. La civilisation occidentale offre ce paradoxe, si visible chez un Dostoievski ou un Céline d'une culture d'un haut niveau esthétique avec une vision du Judaïsme menant au meurtre. C'est la preuve que la culture n'est nullement une garantie morale: c'est une des vérités de l'Occident. Sachons nous en défendre de Ia meilleure façon.

Au début, il y avait l'Alliance d'Abraham avec Dieu, premier pas d'une tentative de réussite du projet humain suite aux deux échecs, le délugeet la tour de Babel, qui l'ont mis en danger. A ce moment-là, l'Alliance est individuelle et familiale. Il en sera ainsi encore pour Isaac et pour Jacob. Il faut attendre la formation du peuple d'Israël à partir de la famille de Jacob, sa libération de l'esclavage d'Egypte et son rendez-vous au mont Sinaï pour que prenne corps l'Alliance du peuple avec Dieu en tant que royaume de prêtres et nation sainte c'est-à-dire, pour que naisse le projet national-universel juif, autrement dit le Judaïsme: un peuple vivant sur une terre avec, comme contenu spirituel, la Loi écrite et orale faite de la combinaison d'une partie absolue, la parole de Dieu, et d'une partie relative confiée aux sages du peuple pour être adaptée à travers les âges en vue de l'accomplissement du projet. Le peuple d'Israël est investi d'une mission: devenir une lumière pour les nations.
C'est animé de ce projet-là que le peuple d'Israël vit son histoire, d'abord pleinement aux temps du premier et du deuxième Temples, et, ensuite, virtuellement et dans l'espérance messianique, pendant les siècles d'exil. Le passage du réel au virtuel entraine une difficulté du fait de la dispersion; passage du national au communautaire et impossibilité d'évolution organique de la Loi. Impossibilité encore d'enseigner le projet par l'exemple, par manque de structure étatique. Le Judaïsme diasporique cesse de penser en termes d'universalité, ayant trop à faire pour se préserver de la dissolution, ce qui ne l'empêche pas d'être un exemple, au niveau individuel et communautaire de fidélité, de courage et de force d'âme.
Les temps modernes vont proposer aux Juifs de devenir des citoyens à part entière des nations parmi lesquelles ils habitent.

Le projet national-universel juif va subir des transformations qui le rendent méconnaissable, soit en devenant un projet universel laïc, c'est-à-dire vide de son contenu national et juif, soit un projet juif qui n'est plus national tout en gardant des prétentions à l'universel, l'échec du processus d'intégration à la fin du XIXème siècle entraine une nouvelle transformation sous la forme d'un projet national des Juifs qui ne serait ni juif de contenu spirituel ni universel, autrement dit le Sionisme. A travers les tribulations et les malheurs du XXème siècle, ce projet-là, justement, aboutit à la création de I ‘Etat d'Israël. C'est parce que ses voisins ne l'acceptent pas qu'Israël, à la suite de la guerre des Six jours qu'ils lui imposent, devient maitre de la terre d'Israël, terre de la promesse, déclenchant chez certains le réveil du vieux projet global. Le peuple, dans sa grande majorité, n'y est pas prêt. Ceux-là ont tout simplement oublié que le projet national-universel juif passe par le Sinaï et qu'un peuple juif déjudaïsé n'est nullement susceptible de le réaliser.
On est entré dans une période de rêve devenu rapidement un cauchemar, entretenu par une coalition groupant des gens sincères et d'autres qui l'étaient moins et qui utilisaient la force spirituelle pour alimenter un nationalisme laïc étranger au projet.
Ce qui se passe maintenant sous nos yeux est, tout simplement, le réveil, douloureux pour beaucoup, de ce rêve-là. Le plus dur est que le projet national-universel juif est la seule justification de la survie miraculeuse de notre peuple.
La condition sine-qua-non de la réussite de tout projet est la qualité de la matière première. Israël sera ce que le peuple juif en fera et le peuple juif sera ce que nous en ferons par la foi en son passé et son avenir. C'est uniquement quand nous réussirons que Sionisme pourra être synonyme de Judaïsme.
Ooctobre 1994

Nissan- Le premier commandement de Dieu aux enfants d'Israël par la bouche de Moïse est la sanctification du mois par la vision de la nouvelle lune. Depuis, nous sommes un peuple "lunaire", feminin. Nous ne créons pas la parole mais interprétons une Parole venue d'ailleurs, comme la lune ne fait que réfléter une lumière venue d'ailleurs. C'est autour de cette lune renouvelée tous les mois que je viendrai vous dire quelques mots, essayant de m'inspirer toujours de cette Parole-là.

De Pourim
De l'hiver
De la fin du cycle
Du miracle caché
De la parole des sages
Du vin qui endort

A Pessa'h
Au printemps
A son début
Aux miracles éclatants
A la Parole de Dieu
Au pain qui engendre le dire

Bonne année liturgique!

Iyar- Le temps du "Omer. Au début, ce n'était qu'une obligation légale de compter les jours qui séparent la libération de la servitude de l'acquisition de la vraie liberté garantie par l'Alliance avec Dieu. Ensuite, et pour des causes historiques liées à un échec faux-messianique, un temps de deuil. Plus tard encore et pour cause d'impatience insupportable, un temps associé à la Qabbalah, gratification individuelle dans un temps de désespoir collectif. Un jour particulier dans cette période: le 33ème, jour de référence double à Aaron, le grand-prêtre, l'homme du Saint des Saints (5ème jour de la 5ème semaine) et ? Bar Yo'haï l'homme du Mystère des Mystères.
De nos jours, plusieurs événements ponctuent le déroulement de ce mois, Yom Ha"atsmaouth, Yom Yeroushalaïm. Nous sommes dans l'incapacité de comprendre le pourquoi spirituel de tout cela. Encore une chimère qui nous aveugle ou le début de retrouvailles inouïes avec toutes nos fidelités.

Siwan Après avoir créé le monde en six jours, Dieu rentra dans son Chabbath, laissant l'homme parachever la création. C'est parce que l'homme a mis en danger le projet de Dieu par deux fois, une fois à la génération du Déluge et une deuxième à la tour de Babel. que Dieu devait perturber son repos, autrement dit profaner son Chabbath en se révélant au Peuple d'Israël pour le faire sortir d'Egypte et pour lui donner la Loi au mont Sinaï, le nommant "Royaume de Prêtres ». C'est en cela que la rencontre au mont Sinaï entre Dieu et le Peuple d'Israël est un moment unique dans l'Histoire de l'humanité, occasion unique offerte à l'homme pour réussir enfin son projet.
Le mont Sinaï est devenu le Lieu de rencontre et d'alliance entre l'homme et Dieu par l'intermédiaire du Peuple d'Israël. Le pape invite tous les croyants à se réunir au pied du mont Sinaï pour affirmer leur attachement à la Parole de Dieu. L'idée est excellente. Mais pourquoi le Pape? Si une pareille réunion devait se réaliser, c'est autour du Peuple d'Israël qu'elle devrait se dérouler et c'est, encore, au Peuple d'Israël qu'incombera la tâche de lancer les invitations.

Tammouz- Tammouz est le nom du mois du calendrier juif qui correspond au solstice. C' est, aussi, le nom d'une divinité païenne chargée d'assurer la fertilité. Le temps du mois de Tammouz est un temps où la nature est la plus génereuse, la plus belle et la plus prometteuse. Elle arrive même à nous faire oublier que si elle donne la vitalité, c 'est encore elle qui la retire et qui est- responsable de la mort. Temps dangereux pour les relations avec le Dieu Un qui transcend la nature et qui nous protege de ses fausses promesses. n'est pas étonnant que la faute du veau d'or ait eu lieu justement pendant le mois de Tammouz.
D'aucuns prétendent mettre en garde le peuple juif contre toute tentation d'idolâtrie de la terre. Etranges prêcheurs qui s'adressent à un peuple dont la maladie, aujourd'hui, est justement de ne pas avoir une relation suffisamment forte avec la terre et dont la tâche est de rétablir l'équilibre entre sa spiritualite et sa vie physique telle que la Parole lui enjoint de le faire pour pouvoir servir Dieu comme Dieu l'a voulu, fidèle à la Parole mais sur sa terre.

Av- Mois excessif que ce mois d'Av qui nous attend, comme la chaleur, excessive, qui le caractérise. Dès son debut, il est recommandé de réduire toute expression de joie allant jusqu'à la suppression totale de celle-ci au 9ème jour, jour de jeûne et de deuil. Six jours après, le 15ème du mois, est présenté par la Tradition comme l' une des deux journées, avec Kippour, les plus joyeuses de l'année juive. Quel contraste!
Que dire de Tich"ah Be'av qui ne soit connu déjà? Peut-être insister sur le premier de I'Histoire, celui où les enfants d'Israël, sortis d'Egypte et alliés à l'Eternel par le pacte sinaïtique, ont refusé de marcher vers la terre d'Israël et d'en prendre possession pour y réaliser ce pacte et où ils étaient condamnés à errer dans le desert, y mourir et laisser la place à la nouvelle génération pour la réalisation du projet national juif.
Par contre, it faut dire plus du 15 Av, peu connu. C'est en ce jour que le dernier de la "génération du désert" est mort, ouvrant, par sa disparition, la route de l'avenir. C'est en ce jour qu'on a pu enterrer a Beytar les morts de la révolte de Bar-Kokhba permettant le debut du travail de deuil indispensable pour la regénération du peuple. C'est en ce jour qu'en pleines vendanges des gar?ons et des filles se rencontraient pour se fiancer en vue des engendrements de l'avenir d'Israël. Quelle superbe alliance que celle du vin et de l'amour pour faire vivre les rêves d'une humanité réconciliée avec Dieu autour du peuple d'Israël.

Eloul- Après les perturbations estivales, excès de la nature de Tamouz et excès de malheurs et de joie d'Av, it est temps de retrouver l'équilibre. La Tradition nous offre un chemin pour cela - la préparation de la Techouvah. Tout le mois d'Eloul est là pour ça.
Il s'agit encore de connaitre le sens exact de ce mot. Si Techouvah est, comme on le dit souvent, retour ou repentir, it s'agirait de retrouver quelque chose de connu et d'éprouvé. C'est bien mais est-ce suffisant? Si Techouvah est, comme le veut la littéralité, réponse, tout devient clair. On peut, pour répondre, comprendre différemment la question où l'interpollation au fur et a mesure qu'on évolue dans le savoir et la compréhension, ce qui permet d'être, d'une année a l'autre, plus et mieux que ce qu'on avait été. Bonnes vacances et bonne reponse!

Tichrey- L'année civile juive dans laquelle nous allons rentrer dans quelques jours est l'année 5755.
Par la Gematria, nous pouvons la désigner par les lettres hé, taw, chin, noun, hé, ce qui peut donner deux mots au moins, l'un le mot HaTiChNeH qui veut dire : Vas-tu répété ou bien le mot HaTeChaNeh, qui veut dire: Vas-tu changer.
Quelle leçon extraordinaire nous donne cette possibilité! La nécessité pour nous, devant le changement de millésime, de nous interroger pour savoir en quoi nous allons devenir différents. Tout le secret de la combinaison de la Tradition et de l'innovation. Toute Tradition qui ne sait pas se renouveler n'en est pas une.
Voilà un bon sujet de méditation en ces jours redoutables que nous abordons.
Bonne année de fidélité et de renouveau!

Hechwan- Huitième mois de l'année liturgique juive, 'Hechwan a ceci de particulier d'être "vide" de toute célébration, fête ou deuil. D'aucuns prétendent que son autre nom, Mar'hechwan, serait en réalité le résultat de l'ajout du préfixe Mar, amer en hébreu, à son nom pour indiquer ce "vide". Je proposerais une autre lecture possible.

Huit étant le chiffre désignant, dans la Tradition juive, le messianisme, il se peut que le huitième mois soit associé à l'idée messianique, c'est-à-dire, à quelque chose de totalement non-réalisé qui attendrait une date nouvelle pour le marquer. En parcourant l'Histoire juive récente, j'y trouve une date tombant justement pendant ce mois. Il s'agit de la déclaration Balfour du 2 novembre 1917, démarrage de la realisation du Sionisme et je persiste à croire, avec le Rav Qouq, que le Sionisme est l'événement majeur de l'Histoire juive.

Kislew- Quand à la fin de ce troisième mois d'automne, la lune s'amoindrira de jour en jour, nous pénétrerons dans le monde des ténèbres. Et c'est là — précisément — que la lumière de 'Hanoukkah viendra nous délivrer. Souvenir de la victoire du Nomos (de la Torah) sur la Sophia (la sagesse grecque). Ce que nous célébrerons? La victoire de l'alliance entre l'homme et Dieu sur l'arrogance guerrière.
Je me demande pourquoi on continue à appeler les penseurs du judaïsme des philosophes. Le nom de philonomes leur conviendrait mieux. Et pourquoi, pendant qu'on y est, ne pas parler de philonomie plutôt que de philosophie juive?

Le 2 novembre 1917 est la date de la déclaration Balfour, reconnaissance par la Grande-Bretagne, grande puissance de l'époque, du lien entre le peuple juif et la terre d'Israël, la Palestine et envisageant favorablement l'instauration sur cette terre d'un foyer national juif.
Trente ans plus tard, le 29 novembre 1947, les Nations Unies votent une résolution créant un état juif sur cette même terre, partagée entre Juifs et Arabes mais gardant une unité économique et ayant des frontières intérieures plus symboliques que réelles, en tout cas, n'entrainant pas un déplacement de populations. Des Arabes doivent y vivre sous souveraineté juive et des Juifs sous souveraineté arabe. Reconnaissance par l'organisme représentant les nations du monde du lien du peuple juif avec cette terre d'Israël. Le refus arabe et la guerre qui a suivi ont amené à la création d'un état juif, Israël, sur une partie de Eretz-lsrael, l'autre partie était, soit, pour la Judée et Ia Samarie, annexée par la Jordanie (annexion non reconnue sauf par la Grande-Bretagne et le Pakistan), soit, pour Ia bande de Gaza, tombée sous administration égyptienne. Malgré le départ de la plupart d'entre eux, des centaines de milliers d'Arabes sont restés vivre dans I'Etat juif, devenant des Arabes israéliens. Aucune localité juive ne restait sur les territoires annexés par la Jordanie. La vieille ville de Jérusalem ainsi que Gouch-Etsion, par exemple, conquis militairement par l'armée jordanienne furent vidés de leurs habitants, emmenés comme prisonniers de guerre en Jordanie.

Encore trente ans après, le 20 novembre 1977, le président Sadate entame son voyage historique à Jerusalem. Reconnaissance de la légitimité d'un Etat juif sur la terre d'Israël par l'Egypte, premier Etat arabe à le faire et, qui plus est, le plus important d'entre eux dans la region.

Faudra-t-il attendre encore trente ans, novembre 2007, pour voir la reconnaissance d'Israël par les autres pays arabes?

En attendant, il est important de réfléchir sur cette donnée de base du sionisme — Ia relation entre le peuple juif et Eretz-Israël.
En acceptant le plan de partage de l'ONU, le peuple d'Israël a accepté lucidement la réalité politique qui s'imposait alors. II n'a pas changé ses idees concernant le retour du peuple sur la terre des pères. II y avait dans ce plan de quoi satisfaire, même si ce n'était que partiellement, le besoin de souveraineté, c'est-à-dire, le besoin de posséder ce lieu ou le destin juif dépendrait des Juifs eux-mêmes et non des autres. En même temps, ceci était complété par Ia possibilité pour les Juifs de résider dans le reste du pays. Malheureusement, cette possibilité théorique n'étant jamais passée dans les faits, les Israéliens, à part quelques marginaux, ont oublié la Judée et la Samarie. Les Arabes, eux, pendant ce temps, n'oubliaient pas Ia partie du pays devenue Israël et développaient de plus belle le mythe de la terre arabe «usurpée».

La guerre des Six jours a crée une situation nouvelle. Le peuple juif se trouvait en possession de cette partie de Eretz-lsraël où s'etait réellement passée l'Histoire d'Israël sur sa terre, là où jugeaient les Juges, régnaient les Rois et prophétisaient les prophètes.

Chiloh, Beth-El, Beth-Le'hem et 'Hebron sont devenus des noms réels, correspondant à des lieux qu'on pouvait voir et visiter. Politiquement, rien n'était réglé mais Ia Judée et la Samarie n'étaient plus sous souveraineté jordanienne, la ligne d'armistice de 1949, la fameuse «ligne verte», ne signifiait plus grand-chose et ces territoires sont devenus, légalement, des territoires «administrés» par Israël. Ils n'appartenaient à personne et n'étaient qu'objet de désir pour ses habitants arabes, évidemment, et pour tous ceux qui considéraient que c'était bien là le Lieu du retour du peuple juif dans sa patrie.

Par quelle perversion de langage, ces territoires administrés sont-ils devenus, d'abord, territoires occupés et, ensuite, terres arabes occupées, terminologie qui rejoint les pires argumentations antisionistes et qui met en question, à terme, Ia légitimité d'Israël sur n'importe quelle parcelle de terre de Ia Palestine, est un sujet qui mériterait d'être etudié un jour.

Un discours fallacieux s'est installé en meme temps qu'il condamnait tout désir territorial des Juifs, sacralisait une pseudo-frontière derrière laquelle aucun Juif n'aurait le droit de vivre.
La situation actuelle est complexe et simple à la fois. La politique étant, comme chacun le sait, l'Art du Possible, Ia solution sera ce qui sera possible en tenant compte de la conjoncture locale et de l'équilibre des forces en jeu sur place et dans le monde. Ce ne sera probablement pas une annexion par Israël. Celle-ci aurait pu être faite et ne l'a pas été en 1967, dans les suites immédiates de Ia guerre des Six jours; ou en 1977, après Ia prise de pouvoir par le parti Likoud qui la prônait ou encore en 1988, quand le roi Hussein a aboli tout lien entre Ia Transjordanie et la Cisjordanie. Ce ne sera certainement pas, non plus, un retour aux lignes d'armistice de 1949. Ce sera un compromis tenant compte, dans le cas du Golan (dont l'annexion n'était pas l'acte politique le plus sensé d'Israël) des besoins de securité; dans le cas de la bande de Gaza, de la présence de populations arabes et, dans le cas de la Judee et de Ia Samarie, de ces deux données à Ia fois auxquelles viendront s'ajouter des considérations historiques et émotionnelles sans lesquelles le Sionisme n'aurait pas été, le cas de Jérusalem étant évidemment particulier.
Cette solution politique ne pourra être que le résultat d'une paix réelle, c'est-à-dire, d'une reconnaissance vraie du droit des Juifs sur cette terre et, dans ce cas-là, il semble impensable que le droit de résidence pour tous les Juifs partout dans le pays soit contesté ou qu'ils puissent ne pas avoir le droit de prier sur le mont du Temple ou sur la tombe d'Abraham, Isaac et Jacob comme c'était le cas avant.
Loin d'être un obstacle à Ia paix, la présence des Juifs partout dans le pays est une garantie que cette paix ne sera ni un vain mot ni un guet-apens.
On peut être modéré sur le plan des idées et rigoureux sur le plan de l'application; on peut être intégriste sur le plan des idées et modéré, souple, sur le plan de l'application (c'est mon cas); on ne peut pas être en retrait sur les deux ou, alors, on aurait le droit de s'interroger: de quel sionisme s'agit-il? Vers quelle paix se dirige-t-on?

Le Judaïsme n'aime pas les lieux saints, il leur préfère les temps saints, Chabbath et fêtes. Le Mont Sinaï a perdu sa sainteté peu de temps après la révélation. La tombe de Moché est restée inconnue pour éviter qu'elle ne devienne un lieu saint.
Et pourtant, il fallait qu'il y eût un lieu pour y servir Dieu tous ensemble et par un rituel indispensable. La Torah a parlé de ce lieu sans préciser où il devait être, laissant le peuple d'Israël décider en temps voulu où il fallait construire ce Miqdach dont l'existence garantirait la présence de Dieu parmi son peuple.
C'est le roi David qui a fait ce choix du mont Moriah à Jérusalem, s'appuyant sur des traditions qui remontaient à Abraham (la ligature d'Isaac) et même à Adam. Une fois choisi, ce lieu devient le Lieu, un, unique et éternel, irremplaçable et indispensable pour Israël et pour l'humanité entière dont Israël est le peuple-prêtre.

C'est le roi Salomon qui a construit là le premier Temple, fixant pour l'éternité ce lieu comme «hors du monde», comme une
ambassade extraterritoriale du Transcendant dans l'immanent.
Le premier Temple a été détruit ainsi que le deuxième et au deuxième siècle, après la révolte de Bar-Kokhva, les Romains nous ont interdit le Mont du Temple qu'ils avaient labouré auparavant et nous ont permis de venir pleurer, une fois par an, dans la rue, à l'extérieur de l'enceinte sainte, devant le fondement du mur de soutènement de la muraille qui entourait le Mont du Temple, lieu appelé val du Tyropéon. Ni la rue ni le mur n'ont jamais eu une sainteté quelconque.
A travers les siècles d'exil, les Juifs se sont attachés à ce lieu et lui ont « injecté » de l'importance. On disait que la Chekhinah y résidait, ce qui était faux car cette idée concernait en réalité le mur occidental du Temple lui-même dont il restait un pan.

Les rabbins interdisaient, de toute façon, de monter sur le Mont et les Musulmans, au 7ème siècle, de bonne foi, y ont construit une mosquée et ensuite une deuxième, faisant du Mont du Temple un lieu saint musulman. Le Mont du Temple n'a jamais, à aucun moment, cessé d'être le SEUL lieu saint juif, en attendant qu'il devienne le lieu saint de l'humanité entière entourant le peuple d'Israël, peuple-prêtre.
Peu de gens savent que pendant très longtemps, depuis la conquête musulmane et jusqu'aux croisades, les Juifs priaient sur le Mont et, en plus, s'occupaient en exclusivité de l'intendance des lieux.
Les milieux juifs de la Torah n'ont jamais réellement compris l'importance du Sionisme, du retour du peuple sur sa terre, et de la souveraineté juive sur la terre, pour la spiritualité juive, qui continuait à être vécue comme au temps de l'exil. C'est pourquoi, au moment de la réunification de Jérusalem sous souveraineté israélienne, on ne s'est même pas donné la peine de réfléchir à la nécessité de trouver une solution à l'absence de Juifs sur leur unique lieu saint.
Ii est difficile de faire comprendre à la terre entière la nécessité absolue d'une souveraineté juive sur le Mont du Temple tant que les Juifs en sont totalement absents.

Notre attachement actuel au Mur Occidental est la preuve de notre incapacité de sortir de l'exil qui est en nous. Car le Mur, avec tout l'amour qu'on peut lui porter, est un ghetto, un symbole de notre vie sans liberté, sans indépendance.
Que faut-il faire? En attendant que les problèmes politiques trouvent leur solution, qui ne peut pas être une absence de souveraineté juive sur le Mont, il faut que les autorités rabbiniques annulent le décret d'interdiction en fixant la zone où le Saint des Saints aurait pu se trouver et en rendant le reste de l'esplanade à la présence de tous les Juifs qui voudraient y prier. Tant que ceci n'est pas réellement possible il faut cesser de faire croire que le Kotel est notre lieu saint. L'espace devant le Mur où nous prions n'était que le Marché aux fromages de Jérusalem.
Il y a trois lieux à Jérusalem: le mont Scopus, le mont des Oliviers et la `Tayeleth à Talpioth d'où l'on a une vue sur le Mont du Temple. Ces lieux devraient devenir nos lieux de prière. Avec les techniques modernes nous pourrions même faire coïncider les prières des trois côtés pour les faire converger au Saint des Saints d'où elles «monteraient au ciel» sous notre regard.

Un jour viendra où l'on pourraient envisager d'implanter sur l'esplanade, en plus de la mosquée Al-Aqsa au sud, une église (évidemment sans images) dans la partie nord jouxtant la Via Dolorosa et une synagogue dans l'espace est, où le Saint des Saints ne pouvait pas se trouver, réservant le Dôme du Rocher, qui n'est pas à proprement parler un lieu de prières mais plutôt un lieu de pélerinage et qui se trouve au dessus de Even Hachtiah, fondation du monde, pour des prières communes de tous les enfants d'Abraham réconciliés et, à travers eux, de toute l'humanité réconciliée. C'est parce qu'il rend cette idée possible que le Sionisme est un élément essentiel de la spiritualité juive et que le retour à Sion, au Mont du Temple peut être une bénédiction pour toute l'humanité selon la promesse faite à Abraham.

Un conflit interminable qui dépasse en longueur un siècle doit solliciter une réflexion renouvelée sur ses origines si on désire sincèrement aboutir à une solution acceptable dans un avenir pas trop lointain. Peut-être que certaines idées reçues sont tout simplement fausses et qu'il faut absolument les écarter. Il se peut même que certaines "vérités" sont des obstacles sur le chemin de la solution.
S'il s'agissait d'un problème de territoires discutables, il serait impensable que, depuis le temps, on ne soit pas arrivé à un compromis acceptable. En plus, le monde arabe ne manque pas de territoires et ceci ne l'a pas empêché d'être contre Israël dès le départ. Même les arabes palestiniens ne manquent pas de territoires sachant que la Palestine historique s'étend des deux côtés du Jourdain et englobe ce qu'on appelle aujourd'hui la Jordanie où vivent une majorité de Palestiniens venus de Cisjordanie. Israël a fait, d'ailleurs, au camp David une offre territoriale extrêmement généreuse qui a été rejetée.
Même sur Jérusalem, la délégation israélienne aux négociations sur le statut définitif a avancé des concessions inimaginables auparavant qui, elles aussi, étaient rejetées.

Donc, il ne s'agit certainement pas d'un problème territorial mesurable en étendue. Même un contrôle quasi total sur le Mont du Temple semble insuffisant pour satisfaire les demandes arabes.
C'est l'exigence de l'application du droit au retour des réfugiés qui semble être la pierre d'achoppement et comme l'application de ce droit signifie la fin d'Israël en tant qu'état juif il semble que, dès le départ, le problème essentiel sinon unique est le fait de l'existence même d'un état juif sur la terre d'Israël, Palestine pour les Arabes.
Donc, en toute logique, si là se trouve le noeud du problème, c'est là aussi qu'il faut chercher les solutions. Comment persuader les Arabes que cette terre n'est pas une terre arabe mais une terre juive. Le fait que tous les Juifs, sans exception, pendant des siècles, se tournaient vers cette terre trois fois par jour et parfois quatre, même cinq les jours de Kippour, en prière, ne semble pas suffisamment probant. C'était le passé, diraient certains, et c'était théorique, sans intention de réalisation. Et alors quoi?
Certains israéliens de bonne foi, ayant uniquement le bien d'Israël en tête, pensent que des concessions majeures peuvent être le chemin d'une réconciliation. Mais un obstacle se lève immédiatement. Est-ce que ces concessions faites aux Arabes pour qui la terre est une valeur suprême sont aptes à prouver que les israéliens sont chez eux là-bas? Et si nous considérons que le problème de la reconnaissance est au choeur des choses ne serait-il pas totalement aberrant d'utiliser un argument qui serait une contre-preuve de cette affirmation à la solution du conflit.

Autre chose. D'aucuns, toujours dans le camp de la bonne volonté et des bonnes intentions, nous avertissent de ne pas transformer un conflit politique pur en conflit religieux qui n'aurait jamais de solutions. Quelle erreur! Nous savons maintenant que malgré une apparence de discours laïque, les demandes palestiniennes sont des exigences religieuses autour de la sainteté de cette terre pour l'Islam à l'exclusion de toute autre sainteté. Toute concession israélienne sur la sainteté de la terre, de Jérusalem et du Mont du Temple aura un effet désastreux sur notre capacité de faire le travail éducatif nécessaire pour notre reconnaissance vraie qui consiste à reconnaître que nous sommes réellement chez nous sur cette terre.
En novembre 1991, au moment de la conférence de Madrid, j'ai rappelé - dans un article dans l'Arche que novembre était un mois «sioniste». En effet, la déclaration Balfour, le vote du partage par l'ONU, la visite du président Sadate en Israël ont eu lieu pendant ce mois. Peut-on espérer que pendant ce mois de novembre 2001 s'ouvriront les yeux de tous ceux en Israël qui, de bonne foi, nous ont mené dans cette impasse et qui doivent comprendre que leur pensées et leurs actions n'ont fait que confirmer l'adage sur l'enfer qui est pavé de bonnes intentions.

Dieu n'a pas eu besoin de l'homme pour créer le monde mais il a besoin de lui pour réaliser les deux étapes suivantes de son projet, la Révélation et la Rédemption. Si l'homme n'est pas présent au mont Sinaï pour dire "nous ferons et nous comprendrons" en acceptant volontairement la Parole de Dieu, la Révélation reste inaccomplie. Si l'homme n'est pas là pour préparer les chemins du Messie, aucun Messie ne viendra.
C'est avec cette idée-force de la présence obligatoire de l'homme dans tout projet divin en tant que partenaire dans l'Alliance, que nous pouvons, nous, hommes d'aujoud'hui, penser la réalité de la Parole de Dieu. Cette Parole est omniprésente au monde depuis la Création puisqu'elle exprime le projet de Dieu pour le monde qu'il a créé. Le peuple d'Israël sorti d'Egypte et arrivant au mont Sinaï, par le "réveil d'en bas" initié par sa présence, permet à cette Parole de "rentrer" dans le monde, de devenir,"en parlant le langage des hommes", la possibilité pour une Parole transcendante de gérer le monde de l'immanence et de permettre à la Qedouchah, la Sainteté, d'imprégner nos vies ici-bas. C'est pour cela que les premières Tables de la Loi sont destinées à être brisées, étant trop divines et pas assez humaines, et remplacées par les deuxièmes, que Moïse ramène le jour même de Kippour. Il suffit de comparer le commandement concernant le Chabbath dans les unes et les autres pour s'en persuader.

Le même raisonnement peut nous conduire à la compréhension de l'idée du Pardon de Dieu. Le Pardon coexiste avec le monde depuis sa création car sans lui, le projet divin pour l'homme n'a aucune chance de réussir. Quand l'homme, par le "réveil d'en bas", accepte le Pardon, celui-ci prend son plein sens. L'homme ne crée pas le Pardon, il y répond, car celui-ci est accordé d'emblée à l'homme qui se tourne vers Dieu en reconnaissance de souveraineté pour lui donner son plein sens.
Quand nous pensons au déroulement des "dix jours de pénitence" une question nous interpelle: Quelle est le sens de Roch-Hachanah dans le déroulement du processus du Pardon? Si je me réfère au livre de Néhémie et à ce qui y est raconté sur un Roch-Hachanah mémorable célébré à Jérusalem (probablement en 444 BC) si je me réfère à la coutume de s'habiller de blanc tout simplement parce qu'on est sûr d'être jugé favorablement, j'en conclus que Roch-Hachanah est le vrai jour du jugement et du Pardon. Il suffit de sonner du Chophar et de décréter Dieu "Roi et Juge suprême" pour recevoir le Pardon et de rentrer chez soi pour y "manger gras et boire doux".

Mais alors à quoi sert le Jour des Expiations? Justement, à permettre que le Pardon, trop divin, devienne le résultat d'une collaboration entre Dieu et l'homme. Dieu a pardonné le jour de Roch-Hachanah mais j'ai besoin de venir témoigner que j'accepte ce Pardon et que je le mérite. Kippour, qui était déjà le jour de la réception des deuxièmes Tables de la Loi, devient, en même temps, le jour de la réception du Pardon tel que l'homme le veut, pas seulement un octroi mais un acte de mérite. Roch-Hachanah est, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, le jour qui exprime l'Amour total de Dieu, tandis que Kippour est le jour où l'homme s'impose la Rigueur absolue pour équilibrer cet Amour.
Dans l'arbre séphirotique, tout ce qui vient d'être dit paraît clairement. Il suffit de comparer les sept jours de fête prescrits par la Torah avec les sept séphiroth "inférieures". Le premier jour de Pessa'h correspond à 'Hessed, l'Amour; le septième jour de Pessa'h à Gevourah, la Rigueur; Chavou"oth à Tifereth, l'équilibre; Roch-Hachanah à Netsa'h, dans la colonne droite, donc, à l'Amour et Kippour à Hod, dans la colonne gauche, donc, à la Rigueur etc...
D'ailleurs, la séphirah Netsa'h correspond à Moïse, celui qui prie Dieu pour le Pardon et qui le reçoit pour le peuple d'Israël; la séphirah Hod, elle, correspond à Aaron, le Grand-Prêtre, soumis à la Rigueur du Rituel et qui est le personnage principal de Kippour.
Vision étonnante peut-être des choses mais qui permet à l'homme d'aujourd'hui de mieux saisir le sens profond de ce qui est l'apport immense du peuple juif au monde, la Parole de Dieu et son Pardon.
Bonne année pour Roch-Hachanah qui commence l'année nouvelle et pour Yom Kippour qui termine l'année passée, pour le Pardon-cadeau et pour le Pardon-mérité.

Le processus de paix au Proche-Orient n'a pas commencé à Oslo mais à Madrid. Son principe était d'établir un dialogue direct entre Israël et chacun de ses adversaires, l'adversaire palestinien devant faire partie d'une délégation commune jordano-palestinienne. Ceci était normal puisque la Jordanie est un état arabe établi en Palestine et puisque la Transjordanie, en 1991 avait une majorité d'habitants d'origine cisjordanienne, les autres habitants de la Cisjordanie possédant la nationalité jordanienne. C'est sur ces bases-là que le gouvernement israélien d'alors, ayant à sa tête M. Shamir et comme membre M. Netanyahu, a accepté de s'y associer précisant bien qu'il ne sousrcrivait pas au principe de «la terre contre la paix» mais plutôt au principe de «la paix contre la paix». C'est à ce processus de paix-là qu'ont apporté leur soutien les USA, la Russie et l'Europe.
Oslo n'était pas sur le chemin de ce processus mais une déviation par rapport à lui. Ceux qui ont pensé et réalisé Oslo l'ont fait à l'insu des parrains de Madrid. C'est après coup que les USA ont rejoint ce chemin.

Les concepteurs et les réalisateurs d'Oslo ont commis toute une série de trahisons. Ils ont, avant tout, trahi le consensus national autour de la non-reconnaissance de l'OLP, de ses dirigents et de sa charte, créant une vraie déchirure qui passait au milieu du peuple israélien et le scindant en deux moitiés devenues hostiles l'une à l'autre. Ils ont trahi le consensus autour de Jérusalem, capitale unifiée, non-divisible d'Israël et du peuple juif en acceptant que Jérusalem soit un sujet à débattre dans la discussion sur le statut final. Ils ont trahi le consensus autour de la nécessité de garder la vallée du Jourdain israélienne et le Jourdain comme frontière orientale en abandonnant Jéricho à une souveraineté étrangère. Ils ont trahi le consensus autour du refus d'un deuxième état arabe palestinien entre la mer et le désert en créant toutes les conditions pour que ce deuxième état voie le jour. Ils ont, enfin, trahi leurs électeurs qui ne les auraient pas élus s'ils savaient que c'était là leur programme.
Vis-à-vis des Arabes habitant Eretz-Israël, ils ont commis une injustice en les livrant à un pouvoir non-démocratique et corrompu.
Vis-à-vis de la Jordanie, ils ont commis une immense erreur politique, la laissant hors d'état d'être une partie prenante directe, solide et non-irrédentiste, dans la solution de ce qu'on appelle «le problème palestinien».

C'est contre toutes ces trahisons que la droite israélienne s'est levée pour stopper ce chemin qui, et ceci s'avère évident maintenant, ne mène pas vers la paix quel que soit le prix à payer. A moins qu'on envisage la paix sous sa forme de «paix palestinienne», c'est-à-dire: Un état palestinien dans un territoire qui doit être, au moins, celui de la Cisjordanie et de Gaza avant 1967, ayant comme capitale Jérusalem et recevant des centaines de milliers de réfugiés sur son sol, d'autres centaines de milliers devant retourner à leurs villes et villages d'avant 1948. Les Arabes ont la patience et la persévérence pour arriver à leurs buts, patience et persévérence que nous, Juifs, avons perdu au nom de slogans comme «la paix maintenant» qui n'a de sens que dans la bouche de celui qui est prêt à capituler. Non, la paix n'est pas encore aux portes d'Israël; celle avec l'Egypte est mauvaise, celle avec l'OLP le sera plus et plus dangereusement.
Si la droite, arrivée au pouvoir entre temps, croit sincèrement, comme elle l'a affirmé, que la poursuite d'Oslo met en danger l'avenir d'Israël, elle doit obligatoirement, et quel que soit le prix dans l'immédiat, arrêter cette descente aux enfers. Nul n'est censé mettre sa vie en danger au nom de ce qu'il croit être une naïveté criminelle. Pour continuer le chemin d'Oslo, on n'a pas le besoin d'un gouvernement Netanyahu. Un gouvernement Peres ou Baraq ou Sha'haq peut parfaitement le réussir. Ce n'était pas la peine de créer une atmosphère de danger imminent qui a poussé un faible délirant à assassiner le Premier Ministre d'Israël pour suivre cette politique qu'on considère catastrophique.

Quoi faire alors? S'armer de courage, de patience et de détermination et attendre qu'un interlocuteur valable, la Jordanie avec les habitants arabes d'Eretz-Israël, décident que la paix leur est aussi nécessaire qu'à nous et vienne la discuter et la conclure, à des conditions acceptables pour nous. En attendant, continuer, comme depuis cent ans, à répondre par la guerre à la guerre que nous livre ceux qui veulent, et qui continuent à vouloir notre mort.
Certaines concessions sont une cause d'aggravation du conflit car elles prouvent à nos ennemis que nous ne sommes pas vraiment chez nous sur cette terre et les confirment dans leur détermination de nous en chasser.
La présence d'Arafat et de ses hommes de l'OLP à quelques kilomètres de Jérusalem est un cheval de Troie introduit par nous-mêmes et qui menace notre avenir. Il nous faut beaucoup de Cassandres et de Laocoons pour le dire et le crier avant qu'il ne soit trop tard.

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